Le langage verbal est une caractéristique propre de l'être humain et permet de communiquer avec les autres au moyen de symboles, c'est-à-dire d’utiliser des représentations abstraites pour évoquer des objets, exprimer des idées, des émotions, des désirs, des actions. Pour développer son langage, l’enfant traverse différents étapes liées à sa maturation physiologique et émotionnelle.
Troubles du langage
Les troubles du langage (1) chez l’enfant regroupent des difficultés qui atteignent l'action de parler mais aussi la réception du message linguistique (compréhension). Ces derniers sont divers (retards de langage, dysphasie, troubles DYS (2), troubles de l’articulation, bégaiement, mutismes) et peuvent aussi être associés aux troubles neuro-développementaux (notamment pour les déficits de l'attention, l’hyperactivité, les troubles du spectre autistique). La parole troublée révèle des obstacles que l’enfant n’arrive pas à dépasser sans aide thérapeutique. Ces troubles sont à différencier des difficultés du langage, qui elles, sont vécues par tous les enfants apprenant le langage. L'accès au langage normal se fait par des essais : les erreurs passagères sont le fruit du travail d'assimilation de l'enfant et n'ont donc rien de pathologiques.
Musique et langage
Dès la naissance, la musique et le langage -et plus exactement la parole- sont traités par le cerveau comme des structures sonores : une combinaison de sons forment un discours (musical ou vocal) dont les vibrations sont captées par le conduit auditif et transformées en signaux électriques. Le son est caractérisé par une fréquence (hauteur), un rythme (durée du son), une intensité (dynamique sonore) et un timbre (empreinte sonore). Ces paramètres se retrouvent dans le langage au niveau de la prosodie verbale qui du point de vue phonétique est la modulation mélodique et rythmique permettant de donner du sens à ce qui est dit : celle-ci s’apparente au phrasé musical.
Plusieurs études scientifiques récentes (Patel ; Kraus et Chandrasekaran ; Schlaug…) (3) montrent que la musique et le langage partagent des zones cérébrales en particulier dans l’aire de Broca dédiée à la production et à la compréhension du langage où se fait la localisation des sons (langagiers ou sonores). L’aire de Wernicke est le siège de la réception du langage ainsi que de la catégorisation des sons : c’est la zone où le cerveau trie les sons qu’ils soient parlés ou autres. Les zones liées à la motricité sont également activées lors d’écoutes musicales ou verbales ainsi qu’en pratiquant la musique. Ces études relèvent que la pratique de la musique permet d'améliorer la parole par les voies auditives sous-corticales et corticales et par le système moteur notamment en améliorant la perception temporelle (aspect rythmique) et la perception des hauteurs.
Musicothérapie et langage
La musicothérapie fait partie des médiations thérapeutiques. Ces dernières sont des thérapies qui permettent à des patients de s’exprimer avec pour support un média (art plastique, musique, théâtre, animal...). La musicothérapie a la particularité d'utiliser comme médiation thérapeutique la musique en tant qu'objet sonore. Elle est caractérisée par la musicothérapie dite réceptive, où le patient écoute des musiques et la musicothérapie dite active, où le patient joue avec des instruments ou chante. Cette thérapie permet au patient de communiquer, d'exprimer des affects à travers le jeu sonore, instrumental et gestuel. Dans le contexte des troubles du langage, cette communication avec le musicothérapeute permet à l’enfant de s’exprimer avec des sons et donc autrement qu’avec des mots qu’il ne peut pas dire ou a du mal à dire. Le patient-auditeur est aussi amené par le chant ou par le jeu instrumental à imiter la hauteur de ce qu'il entend, ce qui permet d'activer les deux hémisphères du cerveau (production et perception du son).
Dans la thérapie du langage, les étapes non dépassées du développement du langage se rejouent et se réinscrivent à travers le jeu dans la relation non verbale avec le musicothérapeute. La musicothérapie favorise l’émergence de la voix et de la parole.
(1) Nous envisageons ici les troubles du langage qui sont non organiques, c’est-à-dire non liés à un défaut physiologique de l'appareil récepteur (le système auditif) et/ou émetteur (la sphère laryngée et buccale) ou dans le cas de maladie.
(2) Les troubles DYS sont les troubles du langage écrit : la dyslexie (troubles de lecture), la dysorthographie (trouble d'écriture), la dyscalculie (trouble de l'acquisition de la fonction mathématique et du raisonnement logique), dysgraphie (trouble psychomoteur du geste de l'écriture, du dessin).
(3) Voir les études dans les ouvrages :
S.Pinto et M.Sato, Traité de neurolinguistique, Louvain-La-Neuve, De Boeck Supérieur, 2016
H.Platel et C.Thomas-Anterion, Neuropsychologie et art, Louvain-La-Neuve, De Boeck Supérieur, 2014